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Takazumi Katayama

né le 16 avril 1951 

Photos Manfred Mothes

Takazumi Katayama est né le 16 avril 1951 à Kobe au Japon dans une famille coréenne.

Biographie

Il obtient le permis moto à 16 ans et commence à courir avec une Honda CB450. Voulant devenir pilote de F1, à l'âge de 18 ans sur quatre roues, mais sur les conseils de ses aînés, « Si tu veux faire du quatre roues, commence par deux roues », il commence à courir en moto à l'âge de 20 ans. Il fait ses débuts en compétition dans le championnat japonais junior 1969 sur une 125 Yamaha. En 1971, il a fait ses débuts en course de côte aux monts Rokkō (préfecture de Hyōgo). Il gravit toutes les catégories de novice à expert. En 1971, il commence à se faire remarquer en remportant le championnat junior 125 et les deux années suivantes le titre en 250 cm3 et 350 cm3.Sa moto préférée a été la 350 Yamaha 3 cylindres3.

Carrière en Grand Prix

1974 - 1978 - Avec Yamaha

Ces victoires ont attiré l'attention de Yamaha qui l'engage comme pilote d'essai et lui fait faire ses débuts en Championnat du monde en 1974.

En 1974, il fait sensation au « Dutch TT » à Assen en juin en décrochant la troisième place lors des essais sur une piste qui lui était inconnue. Il abandonnera en course, à cause d'un frein arrière cassé alors qu'il était deuxième. La semaine suivante au Grand Prix moto de Belgique à Spa, il prend la troisième place en 250 cm3, tandis qu'en Suède il impressionne en remportant sa première victoire devant Walter Villa et Patrick Pons. Katayama se démarque non seulement par ses performances, mais aussi par son impétuosité. Le Grand Prix d'Espagne en septembre est emblématique sur ce point car, alors qu'il est en route vers la victoire en 250 cm3, il renverse un pompier entré en piste pour aider Bernard Fau qui a chuté. Cet accident mortel4 est dû en grande partie à l'incompétence des organisateurs et à l'arrivée tardive des secours5. À la fin de l'année, bien que n'ayant participé qu'à six courses le pilote Katayama est 4e au classement final avec 43 points pour sa 1re saison. Yamaha ne lui ayant pas fourni une assistance complète, mais uniquement prêté la TZ250, Katayama n'a pas de mécanicien. Il entretient et règle lui-même sa machine et de plus il est le seul pilote japonais du « Continental Circus », il lui est donc difficile de batailler en Europe pour la première fois et de plus, tout seul. C'est grâce à Kent Andersson (champion du monde 125 cm3), sous contrat avec Yamaha Europe, qui lui apporte conseil et assistance que Katayama - il le déclarera plus tard - a réussi sa saison européenne. Takazumi passe à l'époque pour un excentrique, parfois surnommé "Oriental Mystery" il pratique le Zazen avant chaque course et porte un bandeau avec un Hinomaru sous son casque.

En 1975, Katayama tente de courir aux États-Unis en 250 cm3 et 750 cm3, avec peu de succès, ainsi que dans les courses nationales japonaises. Mais il trouve le climat américain trop sec et celui du Japon trop humide et décide donc de revenir au climat tempéré de l'Europe.

L'année 1976, ayant été remercié par Yamaha, Katayama pense à arrêter les GP. Mais, aidé par Chas Mortimer(en), il revient en piste, participe à toutes les manches (sauf en Espagne), pour terminer vice-champion en 250 cm3 avec 73 points derrière Walter Villa (avec une victoire en Suède), 8e en 350 cm3 et 26e en 500. Il n'hésite pas à participer au Tourist Trophy, généralement boycotté par les pilotes non anglo-saxons. Il y termine 2e du Lightweight TT, 9e du Junior TT et 4e du Senior TT. Le Tourist Trophy vit alors sa 27e et dernière édition en tant qu'épreuve des championnats du monde. Malgré ses bons résultats, la saison est pécuniairement et mentalement difficile. Ses deux compatriotes mécaniciens ne supportent pas la dureté de leur vie et rentrent au Japon au bout de quelques mois.

Pour la saison 1977, Katayama obtient le soutien de Yamaha-Europe, qui lui procure un moteur trois cylindres 350 développé par Kent Andersson et Rudi Kurth. Il est initialement prévu qu'il participe à la catégorie 500 avec la Suzuki RG500, mais comme celle-ci n'est pas disponible à temps il s'engage en 250 cm3 et en 350 cm3. Lors de la première course de la saison au 200 miles de Daytona il est 3e et 2e à la course des 100 miles en 250 cm3. En Grand Prix le règlement change pour 1977. Désormais tous les points obtenus par un pilote sont pris en compte pour l'attribution du titre et une nouvelle catégorie s'ajoute, celle des 750 cm3.En juin, Katayama chute et se casse une clavicule lors d'une course internationale organisée en Belgique moins d'une semaine avant la journée de qualification du GP de Yougoslavie. Il subit une intervention chirurgicale (pose d'une plaque vissée) et affronte le GP de Yougoslavie, remportant la course en 350 et terminant également deuxième du 250 cm3.Avec le trois cylindres (dans certains GP, il a couru avec le bicylindre), il remporte le titre en 350 cm3 devant Tom Herron et Jon Ekerold, tandis qu'en 250 cm3, il termine 4e, à 9 points de la 3ème place de Walter Villa et sa Aermacchi-Harley Davidson. Il remporte le GP d'Espagne devant Rob North et le Français Alain Chevallier (1947-2016). En 350 cm3 il acquiert son titre en Finlande sous la pluie, 2 courses avant la fin de la saison 1977, ce qui fait de Takayama le premier Japonais à obtenir un titre mondial dans un sport mécanique. À la fin de cette course, le moteur à trois cylindres est en piteux état, avec seulement deux cylindres fonctionnels lorsque le pilote passe sous le drapeau à damier.

En 1978, le team Yamaha Motor NV (Pays-Bas) achète un YZR500 au Japon pour environ 15 millions de yens, afin que Katayama participe aux classes 500 cm3 en plus des 350 cm3.Dans la catégorie 350 cm3, Katayama remporte à San Carlos le 2e GP du Venezuela (devant Patrick Fernandez), puis sur le circuit du Nürburgring le GP d'Allemagne (devant Ballington et Michel Rougerie), obtenant 77 points et se classant deuxième du championnat derrière Kork Ballington sur la machine d'usine Kawasaki KR350. Il termine également 5e dans la catégorie 500 cm3.Malgré son titre et ses victoires, Takazumi Katayama est peu connu dans son pays, les sports mécaniques au Japon ne faisant - à l'époque - vivre ni les pilotes, ni les rares journalistes chargés de couvrir les courses hors du pays.

Vidéo unique, issue d'un film Honda France que nous a confié Jean Louis Guillou. 
Il s'agit d'un petit documentaire sur la 500 Honda NR au Grand Prix de France 1979.
Numérisation : Jean Claude Jacq - Montage : Francis Boutet BIKE70 FFM 2022

1979 - 1985 - Avec Honda


En 1979 Katayama est embauché par Honda, car l'usine est déterminée à revenir dans les Grand Prix - dont ils sont absents depuis 1967 - avec sa NR500 à pistons ovales. Mais la nouvelle machine révolutionnaire à 4 cylindres en V à 4 temps, qui utilise des pistons elliptiques innovant (8 soupapes et 2 bougies par cylindre) préparée par Honda, ne progresse pas comme prévu et les résultats sont lents à venir. Avec ce prototype, il ne participe qu'à Silverstone et Le Mans, mais abandonne dans les deux courses. Avec le britannique Mick Grant sur la même machine, ils ne marquent aucun point de la saison.

Pour la saison 1980, Katayama participe à quelques courses tantôt avec une Suzuki RG privée (Italie, Espagne, France) avec laquelle il marque 18 points, tantôt sur la Honda NSR500 (Hollande, Grande-Bretagne, Allemagne) avec laquelle il ne termine que 2 courses sur 3 et ne marque aucun point.

1981 est la saison la plus difficile de Katayama. Il ne marque aucun point avec le NR500 et abandonne trois fois sur quatre courses. Il a été dit au Japon que ses trois années sur cette moto lui ont fait perdre sa meilleure période en tant que pilote de Grand Prix, et qui s'il avait piloté la Suzuki RG500, il aurait pu devenir champion du monde, au lieu d'être pilote d'essai Honda.

En 1982, Honda lance la NS500, équipée d'un nouveau moteur 2 temps 3 cylindres en V léger et compact, et Katayama réapparait aux départs des courses au guidon de cette machine en tant que pilote officiel Honda au côté de Freddie Spencer. Malgré les 3 dernières saisons où il a peu couru, il remporte néanmoins la 10e manche lors du Grand Prix de Suède à Anderstorp. Il est alors le deuxième Japonais à remporter une course de la catégorie 500 cm3 depuis Hideo Kanaya (1945-2013) en 1975. Lors de la 13e manche au GP de Saint-Marin sur le circuit du Mugello, il effectue le tour le plus rapide devant son coéquipier, qui lui, a pris la pole position. Katayama termine 7e du Championnat du Monde avec 48 points.Cette année-là, la saison en 500 cm3 a été perturbé par des tensions entre les pilotes et les organisateurs au sujet de la sécurité. En particulier lors du 3e round en France sur le circuit de Nogaro, boycotté par la plupart des pilotes d'usines, dont Katayama, à cause d'une piste dégradée, de problèmes de sécurité et d'un paddock exigu.

En 1983, Katayama décide de courir sous ses propres couleurs. Le 1er Grand Prix de la saison se déroule pour la première fois sur le continent africain à Kyalami (Afrique du Sud). Toute la saison le japonais montre de solides performances arbitrant souvent le duel entre Freddie Spencer et Kenny Roberts, comme l'autre américain Randy Mamola.Cependant, lors de la dernière manche à Saint-Marin, Katayama tombe et se blesse gravement. C'est le français Raymond Roche qui dispose de sa Honda NS500 pour la course. Katayama termine tout de même à la 5e place d'un championnat qui a été écrasé par les américains (Spencer, Roberts, Mamola et Lawson) qui trustent dans cet ordre les 4 premières places. Katayama est le seul à avoir contesté cette suprématie. Bien qu'il n'ait pas pu gagner cette saison, il est monté quatre fois sur le podium avec deux 2e et deux 3e places et totalise 77 points.

1984 - Contraint au repos et à un traitement médical exigeant à la suite de sa chute en Italie de l'année précédente, Katayama ne participe qu'à la fin cette saison qu'il termine à la 13e place, n'ayant marqué que 14 points aux 3 courses effectuées.

En 1985, il dirige sa propre structure le Racing team Katayama et court avec une NS500 avec le soutien de Rothmans sous la forme d'un prêt de sa Honda. Katayama ne participe pas au Grand Prix d'Afrique du Sud 1re course de la saison car la fédération japonaise a interdit à ses pilotes de se rendre au pays de l'apartheid. Il court les 200 milles d'Imola, puis les Grand Prix d'Espagne, d'Allemagne, d'Italie d'Autriche et de Hollande, mais il accumule les chutes et les mauvaises performances. Il remporte la 8e place du GP de Belgique (à Spa Francorchamps) et soudainement au Grand Prix de France, il annonce abandonner définitivement les championnats du monde et prendre sa retraite.

Un retraité très actif


À la tête du Racing Team Katayama - À partir de 1986 il fait courir de jeunes compatriotes dans le championnat All Japan Road Race. En championnat du monde son team recrute le français Jean-François Baldé en 250 cm3, puis l'italien Virginio Ferrari et Raymond Roche en 500 cm3. Baldé se classe 5e et Roche 7.En 1987, il dirige le Belge Stefan Mertens et le Britannique Donnie McLeod en Grand Prix 250 cm3, sans grand résultat, ainsi que des pilotes japonais dans leur championnat local.

Au Paris-Dakar - En 1990 et 1991, il participe au rallye Paris-Dakar, avec le soutien de Mitsubishi Motors il termine la course à la 25e place du général en 1990 et abandonne en 1991.

Homme d'affaires - À part 2 apparitions lors de son Grand Prix à domicile en 1988 et 1989, Takazumi Katayama retiré des compétitions se lance ensuite dans diverses activités dans la publicité et le commerce. Après la catastrophe de Fukushima en 2011, prenant conscience que de nombreuses routes de la région étaient devenues impraticables aux 4 roues, il décide d'y suppléer en transportant les gens à moto. Il crée la société Bikers Emergency Response Team (BERT) qui met à la disposition des sinistrés des motos tout-terrain, avec ou sans pilote, pour aller récupérer une partie de leurs affaires dans l'immense zone touchée par le tsunami

 https://fr.wikipedia.org/wiki/Takazumi_Katayama

https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0/deed.fr

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Interview Takazumi Katayama. Coupes Moto Légende 2017. 
Interview Jacques Bussillet. cadreur Jean Claude Jacq. Montage Francis Boutet. traduction Anaïs Boutet. 

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