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BOL 1970

12, 13 septembre 1970

Autodrome de Linas-Montlhéry (Circuit 6.3 km)
34ème Bol d'Or (3ème manche de la Coupe F.I.M. d'Endurance)

Le Bol d'Or retrouve son statut international et devient une épreuve de la Coupe F.I.M. d'Endurance.

Classement général :
1. Tom Dickie & Paul Smart (GB, Triumph, +500),
2. Peter Darvill & Olivier Chevallier (GB/F, Honda, +500),
3. Sergio Angiolini & Augusto Brettoni (I, Laverda, +500)...
12. Pierre-Michel Decombeix & Jean-Claude Chemarin (Suzuki, 500) 1er classe 500
19. Jean-Pierre Frisquet & Bernard Grenier de Monner (Kawasaki, 250) 1er classe 250

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LA PREMIERE VICTOIRE DE CHEMARIN AU BOL d'OR 1970
classe 500 cm3 sur Suzuki T500

Internet est vraiment magique, pendant que je surfais, j'ai reçu un message instantané de Claude qui a visité mon site et qui a bien aimé la partie "pilotes de légende" et ... moins la partie "motos de légende" parce qu'il n'y avait pas de motos 2 temps ... (c'est chose faite maintenant). Bref de message en discussion, il me fait parvenir les photos (Moto Revue) du premier Bol gagné par Jean Claude Chemarin en 1970 en classe 500 sur une T 500 Suzuki. Claude sait de quoi il parle puisqu'il y était et aux premières loges en plus .... Lisez quelques unes de ses anecdotes ... savoureuses... il m'en a promis d'autres ... allez Claude au boulot ! Mais je lui laisse la "parole"

"... Alors je peux te raconter une extraordinaire aventure, le bol 1970... gagné par Decombeix et Chemarin en 500 avec une T500 Suzuki devant 15 Kawasaki 500 H1 ! Hé oui, son premier Bol à Jean-Claude Chemarin, gagné sur une grosse mobylette ! Et dans quelles conditions, hou la la ! ... Là, il faudrait que je développe et on peut en faire un scénario de film, sûr ! juste deux anecdotes : 1 Chemarin dormant en passager sur mon 125 YAM YA6 pour aller chercher l'unique pneu AR de la course : un Avon GP 2 Les pots de détente qui se découpent aux essais du vendredi soir et toutes les conséquences... hou lala !!! tu n'imagines pas les conséquences.... Tu salives, hein ? il y en a bien d'autres...." Claude

L'histoire en entier ... par Claude

Jean Claude faisait partie du Moto Club Châtillonnais, bien qu'habitant Meudon. Chacun suivait dans un club, les potes motards qu'il rencontrait dans son quartier, au boulot ou à la Bastille... J'ai suivi Mario au Moto Club des Cheminots Sportifs de Paris, rue Traversière à Paris, près de la Gare de Lyon. Cela nous permettait de prendre la voie expresse-rive droite comme on disait et de faire un beau potin dans le tunnel des Tuileries ! 

Après avoir écouté le président "Manu", pris rendez-vous pour la prochaine "concentre", on partait le vendredi soir été comme hiver pour un tour à Etampes, Rambouillet ...

Jean Claude possédait une Ossa 250 pour commencer à courir, il a décidé de "coursifier" la T500 qu'il utilisait sur la route pour participer au Bol. La partie "gonflage" utilisera un kit vendu par Maître Jacques Rocca (cylindres et pots de détentes) accompagné d'instructions concernant le rabotage des culasses, la modification des pistons et les réglages à modifier.

L'engin muni d'un réservoir de plus de 20 litres en polyester, d'une selle avec dosseret et un tête de fourche, reçoit une modification du faisceau électrique style "grappes de fils et voyants de voyants" du à la bonne volonté du voisin commerçant "électricité auto" du père Chemarin. Tout ce beau travail est vite éliminé par nos soins et la clairvoyance de Mario en fiabilité, testabilité, maintenance. Dans l'opération, nous avons perdu un temps précieux !

Reprenons aux essais du vendredi soir, veille de la course, les échappements qui se fendent après seulement quelques tours d'essais...
La présence de Philippe, un meudonais, as du poste à souder oxyacéthylénique et d'un autre Philippe de Vanves, non moins expert dans le travail des métaux en feuilles, va changer le cours de l’évènement ! Après avoir disposé des "patches" à base de boîtes de conserves ramassées sur place, afin de voir avec les 2 pilotes si la moto n'avait pas d'autres problèmes, il fallait se rendre à l'évidence : avec ses pots, autant laisser tomber !
De ruinés, nos espoirs de participation au bol vont tourner au "faisable", après une nuit blanche partagée entre le garage du Philippe de Meudon et le box du Philippe de Vanves : sciage, relevé des cotes et traçage, roulage des éléments en tôle de 12/10 ème ! Imaginez le bruit tout cela à 200 m du commissariat de Meudon, entourés d'habitations... Puis l'assemblage de l'ensemble ... l'heure tourne.

Je ne sais plus à quelle heure nous avons pris la route pour Montlhéry avec la vieille Estafette Renault 800 de Mario, mais nous étions là dans Linas sur la N20, dans le bouchon, escortés par une autre T500, d'origine celle-ci. Et l'entrée dans le parc fermé devait se faire avant 13h45 sous peine d'être remplacés par d'autres sur "liste d'attente" !
13h30...13h35...13h36 on n'avance pas !
On n'a pas le choix : faire de la distance à l'arrière, ouvrir les portes, la planche et voilà un Decombeix en combinaison de cuir noire sur un T500 en pots de détente dont la seule immatriculation est 64 ! L'un des Philippe suivra en passager sur l'autre T5 avec un minimum d'outils.

Là c'est l'entrée du circuit de Linas Montlhéry... Cordon de Gendarmerie... le signe est clair : "tu ne passes pas"... grand coup de gaz, ça passe en force au point que le repose pied droit du T5 casse net la jambe d'un représentant de la maréchaussée !

Une demi-heure plus tard, nous sommes dans le stand qui nous est attribué, le N° 64 a bien pris le départ... il faudra un arrêt de quelques minutes pour réparer le repose pied, incident renouvelé plus tard à cause d'un excès de zèle sur la trajectoire, trop près d'une balle de paille bien détrempée.
Tiens, des gendarmes qui viennent prendre des nouvelles du déroulement de la course... "Vous faites signe au pilote de s'arrêter !». Le directeur de course aura le dernier mot : "ils ont commencé la course, vous ferez ce que vous voudrez à la fin de la course".
Fort heureusement, papa Chemarin avait dans ses amis chasseurs, un colonel de gendarmerie, responsable ce jour là... ouf !

Mis à part la rupture de la fixation avant du tête de fourche, éliminé en 5 secondes (4 pour réfléchir, 1 pour agir) par Mario, nous n'avons eu aucun problème avec la machine. De l'huile, de l'essence et du pilotage de nos deux héros.

La fête a été joyeuse dans la salle arrière du "Roi du café" à "La Ferme" à meudon. On a bu le champagne dans le bol qui a trôné au dessus du bar pendant des années.

Je me souviens de la nuit qui a suivit, après 2 nuits blanches : j'entendais les motos passer les rapports dans la ligne droite des tribunes, là, dans mon lit, 4 pattes Honda, fabuleux 3 pattes Triumph, Guzzi, Kawasaki, Vélocette..., elles étaient toutes encore dans ma tête !

Et pour conclure un extrait d'un bouquin de 1980, acheté récemment à Montlhéry : "MOTO" par Pons et Chemarin chez Nathan de Gerard Germain avec Alain Gillot :
J.C. Chemarin : "Plus on est connu, plus on est seul. Je n'ai pas eu la chance comme Patrick d'avoir conservé mes copains d'enfance. J'ai quitté depuis longtemps Meudon et cette base affective qu'étaient toutes ces petites canailles avec lesquelles j'avais fait ma jeunesse. C'est un vrai problème. ...Je pense quelquefois que, lorsque ma carrière sera terminée, j'aurais le temps de voir les gens, mais qu'eux ne m'enverront plus de leurs nouvelles !..."

Alors à bientôt JCC !


Vidéo BOL 1970 : 
Vidéo Jean-Claude et Christian Jacq. 
Numérisation : Jean-Claude Jacq. 
Montage : Francis Boutet. 
BIKE 70 - FFM 

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