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Alain Chevallier

Alain est né le 6 Novembre 1947, à Vendôme. Il est le 4ème d’une fratrie de 8 enfants, nés entre 1944 à 1957. Olivier nait 14 mois après lui.

Une enfance vendômoise

Alain passe sa petite enfance à Vendôme, avec Olivier, élevé par ses grands-parents qu’il adore et qui le lui rendent bien. Le duo des deux frères s’ancre ainsi dès leur plus jeune âge, au milieu d’une fratrie plus vaste.
Gabriel et Marthe Chevallier, les grands-parents paternels d’Alain et Olivier, étaient des grands-parents peu ordinaires, médecins chirurgiens tous les deux. Gabriel s’était installé en 1919 à Vendôme, et exerçait dans la clinique qui portait son nom. Marthe, femme hors norme pour son époque, exerçait à ses côtés après avoir vécu d’autres expériences professionnelles, rédigeant par exemple ses « mémoires de chirurgie de guerre », sur la base de son expérience pendant la guerre de 14-18. Comme dans beaucoup de grandes familles de l’époque, Gabriel Chevallier était destiné à entrer dans les ordres. Entré au petit séminaire, sa vocation médicale le pousse pourtant rapidement à bifurquer vers l’Ecole de Médecine. Il garde néanmoins de son court parcours écclésistique un ami proche, devenu prêtre quant à lui, avec qui il continua toujours à converser en latin ! Alain adorait raconter cette anecdote. Gabriel Chevallier, médecin, député puis maire de Vendôme était un homme reconnu et dévoué, à l’ombre duquel Alain a certainement développé son sens certain de la droiture et de l’excellence, même si ses jeunes années pour le moins turbulentes n’ont pas toujours prouvé cette exigence !

Alain et Olivier ont fait du jardin de leurs grands-parents, et rapidement de tout Vendôme, leur terrain de jeu et d’expérimentation… Alain était intarissable sur le nombre de bêtises qu’ils avaient faites, parfois cocasses, parfois franchement dangereuses. Son esprit vif, sa créativité débridée et son humour ont eu l’occasion de se rôder, dès son enfance, pour le meilleur et pour le pire

L’entrée dans les sports mécaniques Les quatre frères les plus âgés, Michel, Christian, Alain et Olivier, étaient nés dans cet ordre à un an d’intervalle environ. Leur père Bernard, passionné de sports mécaniques, n’est pas innocent dans l’orientation professionnelle de certains de ses fils… Christian raconte leur entrée dans le monde de la mécanique.

"Alain et Olivier ont vécu à Vendôme jusqu’en 1958, et nous nous retrouvions tous les week-ends à cette époque. Lorsqu’Alain est entré au collège, mes parents ayant déménagé dans un appartement assez grand pour loger cette grande famille, Olivier et Alain nous ont rejoints. Ils partageaient une chambre, et moi celle de Michel… A cette époque notre père fait des rallyes, notamment Liege-Bastonne-Liege en 1955. Comme il est ami avec des pilotes comme Harry Schell et Willy Mairesse, nous assistons du bord de la piste (sans aucune protection d’ailleurs) à des courses à Reims, Rouen, Le Mans… Le virus s'installe à cette époque pour nous 4... Michel, Alain et Olivier ne sont pas de mauvais élèves, mais leur notion très personnelle de la discipline les amène à fréquenter à peu près toutes les écoles privées de la région ! Michel et moi, ayant réussi le BEPC, recevons en cadeau de notre père Bernard des cyclomoteurs Péripoli. A l’époque, c’est le « must » des 50cc, avec les Itom… Les premières courses commencent sur le parcours de La Brosse dans le parc de Saint Cloud. Olivier nous demande qu'on lui prête nos machines : déjà à l’époque, il va plus vite que les aînés. Michel et Alain font quant à eux les premières améliorations des machines, partie cycle et moteur.

Vidéo Alain Chevallier 1ere partie 

En 1965, l’écurie familiale acquière la première moto, un 200cc Motobi, et Olivier se paie un 50cc avec l'argent gagné en travaillant pendant ses vacances.
En 1966, Olivier gagne les "Jeunes Tigres", épreuve de promotion à laquelle Alain participe aussi, et à laquelle Michel participera en 1967. Olivier aimerait courir, mais les parents lui imposent de continuer ses études…
Alain et Olivier ont leur bac en 1968 (l’un des deux a pris plus de retard que l’autre) ; en 1969, Alain commence ses études de médecine et Olivier celles d'architecture. Ni l'un ni l'autre ne sont passionnés par les études : les courses et les moteurs restent leur priorité ! Pendant ces années nous allons souvent à Monthlery voir des courses de motos. Brillent à l’époque Vigreux, Barbaroux, Lhérault ou encore Beltoise, qui doublait ses concurrents dans le virage de la ferme en leur faisant l'extérieur entre la bande blanche et l'herbe !
Fin 1969, Olivier décide d'arrêter ses études et persuade son père (qui n'attendait que ça) de rencontrer Georges Monneret pour voir comment commencer en course moto. Une rencontre est organisée, à laquelle Monneret vient accompagné de Beltoise. Tout démarre alors : Bernard achète une 250 de l'année précédente (une Yamaha TD1D probablement) et Olivier participe au Championnat de France de 1970 en 250cc. La saison ne commence pas bien, la moto n'est pas au niveau et Alain n'est pas encore là pour la préparer ! 3 courses avant la fin, Olivier persuade notre père (qui, là encore, n'hésite pas longtemps) d'acheter une moto de l'année. Il gagne alors les 3 dernières courses et le titre national !
La saison se termine par la fantastique course de Rungis. Jean-Claude Olivier dispose d'une 250 à eau, qui devait être conduite par Christian Bourgeois, mais il demande à Olivier de la piloter. Olivier part mal, comme à son habitude, mais il remonte jusqu'à la 2e place derrière Pasolini sous les vivas du public.
Peu de temps après, pour le Bol d'Or, Olivier n'a pas de moto. Il arpente les allées du paddock à la recherche d'un guidon à partager et tombe une fois de plus sur Georges Monneret. Celui-ci lui trouve un anglais, nommé Darwill, sur 750 Honda, qui n'a pas de copilote. Ils finiront 2e de la course, même si la performance sera un peu éclipsée par la victoire de JC Chemarin en catégorie 500cc.
Pendant ce temps, la mécanique a eu raison des études de médecin d’Alain. Retourné à Vendôme, Alain s’est établi chez Jacques Bonvallet, et travaille ses Simca 1000, sa barquette pour Lola T70 (à partir des voitures de Steve MC Queen) et sa magnifique 4CV à moteur R8 Gordini placé en central. Ainsi, en 1970, les 4 frères font de la compétition : Michel est en coupe Gordini, Alain et Christian en courses de côtes, mais pour ce dernier, aucun résultat autre que de casser sa voiture ! Les motos et voitures sont toutes en préparation à Vendôme dans le garage de Jacques Bonvallet. Jacques est devenu le meilleur ami d'Alain, ensemble ils savent tout faire. Par la suite Michel continue quelques années en voiture, Alain encore un peu en course de côtes mais il se réoriente sur la préparation de voitures et de motos. Olivier va quant à lui commencer à devenir pilote professionnel, son père étant alors son principal sponsor.
En 1971, Olivier est appelé pour son service militaire au Bataillon de Joinville, ce qui lui laisse du temps pour courir. Son titre de Champion de France lui a permis de disposer d'une 250 Aermacchi payée et entretenue par l'importateur. Il aura beaucoup de problèmes avec cette moto et peu d'atomes crochus avec l'importateur, ce qui lui fera abandonner cette marque pour revenir à Yamaha en fin de saison.
En 1972 Olivier commence réellement sa participation au Continental Circus. Il profite du GP de Barcelone pour inviter Alain à venir voir ce qu'est un GP.
Alain doit terminer de construire sa maison et son atelier : il attendra 1974 pour se consacrer à plein temps aux motos d'Olivier avec la réussite qu'on connaît. "

Vidéo Alain Chevallier 2e partie 

Débuts professionnels

Alain rencontre Jacques Bonvallet en 1963. Propriétaire d’un garage-carrosserie à Sargé sur Braye, cette rencontre est certainement déterminante pour son parcours futur. Alain n’a pas le permis, c’est son grand-père Gabriel qui le véhicule à l’époque ! C’est Jacques qui formera Alain et lui fera profiter de la structure nécessaire à mettre en œuvre ses projets. Jacques prend Alain sous son aile et lui enseigne son savoir de « Dr ès-démerde ». Tous les deux, ils ont toujours eu cette capacité incroyable à réparer n’importe quoi, à produire quelque-chose à partir de 3 bouts de tôle… Dès l’abandon de ses études de médecine, Alain s’installe chez Jacques et commence à travailler les idées qui fourmillent dans sa tête : amélioration des Simca 1000 pour les courses de côte (photo), conception de la barquette de Lola T70 (photo)…
En 1973, il acquière un hangar à peine aménagé à La Prazerie, qu’il finit de construire pour y installer sa maison ainsi que son atelier. Atelier qu’il n’a jamais quitté et qui a abrité toutes les étapes de sa carrière.

Après quelques années dans les sports automobiles et la conception de carrosseries, son frère Olivier l’entraîne vers la compétition moto. Alain découvre un milieu dans lequel tant de choses peuvent être améliorées. Son ingéniosité, son perfectionnisme et sa capacité de travail feront de cet autodidacte un inventeur reconnu. La perte de son frère Olivier aurait pu marquer la fin d’une carrière. C’est Eric Saul, son pilote et ami, qui le convainc de reprendre la compétition. Au cours des années suivantes, il poursuit son travail et son rêve avec de nombreux autres pilotes, en particulier Didier de Radiguès qui lui offre une place de vice-champion du monde des constructeurs. Ces années sont d’autant plus intenses que dans le même temps, il fonde une famille avec Marie-Claude. Ses deux enfants, Jasmine et Alban, grandissent dans la maison qui jouxte son atelier, et participent ainsi à son activité et à son épanouissement.

Il travaille ensuite pour Yamaha, en recherche et développement mais aussi en préparation de motos pour le rallye Paris-Dakar, auquel il participe. L’Afrique noire lui laisse un grand souvenir.

A la fin des années 90, Jacques Gardette le choisit pour participer à l’aventure Voxan. Il devient le maitre d’œuvre de cette moto française. Sa carrière s’achève sur une collaboration avec un grand constructeur de cycles français. A l’heure de la retraite, il renoue avec le monde tant aimé de la moto au travers de nombreux rassemblements. Il ranime alors les amitiés mises de côté pendant ses années professionnelles les plus intenses. Il développe son goût pour les voitures de collections et les rallyes mais aussi la randonnée, entouré d’un cercle d’amis vendômois qui apprécient sa compagnie facétieuse. Son plus grand bonheur de retraité aura été de voir grandir ses deux petits-fils, de les entourer de toute son affection, de son humour, et de les faire profiter de son imagination débordante.

Alain nous quitte, plein de projets inachevés, après deux mois de lutte courageuse et déterminée contre sa maladie.

Textes : Jasmine Chevallier, Marie Claude Chevallier, Christian Chevallier. 

Film de Francis Boutet

Vidéo Alain Chevallier 3e partie 

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